Historique de l'Association

1969-1996 : aux origines de l’ASSF

En 1969, après 140 ans de fonctionnement, la Sucrerie de Francières ferme définitivement ses portes. Le matériel de l’usine est vendu ou ferraillé. La société propriétaire de l’usine, la SDF, est reconvertie en société agricole, la SAF. L’année scolaire 1969-1970 est la dernière de l’école de la sucrerie. Les ouvriers quittent progressivement le hameau pour trouver du travail dans d’autres usines. Après la mort de la dernière directrice Marguerite Benoit, la famille propriétaire quitte la maison patronale. En 1972, le site industriel est vide.

En 1993, Jean-Pierre Bricout, descendant des directeurs successifs de la sucrerie depuis 1884 et diplômé de l’Institut Lassalle de Beauvais, prend la direction de la SAF. Il découvre un site en friche, et songe à le raser. C’est alors que deux chercheurs, Bertrand Dufournier de l’Inventaire Général et Jean-Charles Cappronier, recenseur des Monuments Historiques, attirent son attention sur la valeur historique de cette ancienne sucrerie.

M. Bricout se met donc en rapport avec Jean-Pierre Besse, professeur d’histoire, qui a déjà travaillé sur la sucrerie en 1993 pour une étude des Annales Historiques Compiégnoises consacrée aux sucreries de Picardie.

En 1996, M. Bricout et M. Besse créent l’Association de Sauvegarde de la Sucrerie de Francières (ASSF). Cette association loi 1901 a pour statut de « préserver les bâtiments de la Sucrerie de Francières afin de conserver le patrimoine architectural, industriel, historique et culturel qu’ils représentent et de permettre au public d’en bénéficier ». Jean-Pierre Besse devient le premier président de l’ASSF et la première Lettre de la Sucrerie est publiée la même année.

1996-2000 : la sucrerie Monument Historique

Aux débuts de l’Association, ses membres recueillent des témoignages, des documents et du matériel. En 1998, l’ASSF compte 116 adhérents.

Les premières Journées Portes Ouvertes, à l’occasion des Journées du Patrimoine, ont un fort écho local et la sucrerie accueille de nombreux visiteurs. C’est à cette époque que l’ASSF envisage l’ouverture d’un musée du sucre dans l’enceinte de la sucrerie. Elle commence à contacter plusieurs pouvoirs publics et structures privées pour recevoir des soutiens documentaires et financiers. Une première étude de faisabilité (cabinet Menighetti programmation) est réalisée.

Le 22 juin 1999 marque l’inscription à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques de la Sucrerie de Francières et de son hameau. C’est la première sucrerie française à être considérée comme un Monument Historique, et la seule à ce jour.

Le livre « La Sucrerie de Francières – Mémoires » est publié à cette époque, et est toujours disponible à la vente aujourd’hui (contacter l’Association).

En 2000, Jean-Pierre Besse se retire de la présidence de l’ASSF. Après un intérim assuré par André Lanthiez, l’historien amateur Michel Varoqueaux, habitant Francières, succède à M. Besse en 2002.

2000-2009 : premières réalisations

Durant la décennie 2000, l’ASSF continue son travail de recherche documentaire, de démarchage auprès de partenaires potentiels, et de commande d’études de faisabilité.

Elle ouvre la sucrerie aux scolaires et au public pendant les Journées du Patrimoine, puis pendant le Printemps de l’Industrie organisé par la région Picardie. Le cap des 1000 visiteurs par an est franchi.

En 2002, l’ASSF ajoute dans ses statuts un nouvel objet : la « création d’un site d’information, de documentation, de mémoire et d’histoire de l’industrie sucrière en France ». Ce but est amorcé avec l’ouverture du site Internet : celui-ci présente la sucrerie et le monde des sucriers, mais également un travail d’inventaire des sucreries d’Oise et de France métropolitaine. Plus de 1100 établissements ont été recensés dans cet inventaire. Ce site Internet et les nombreuses données qui s’y trouvent donnent à l’ASSF une autorité en la matière.

L’Association commence également ses premières restaurations patrimoniales avec l’aide de ses bénévoles. De 2004 à 2005, l’école de la sucrerie est le premier bâtiment important de la sucrerie à être rénové, notamment grâce à l’action de Joël Hiquebrant. Suit la restauration de la chapelle de la sucrerie de 2006 à 2009 sous la direction de Bernard Besson.

Elle s’active également pour récupérer des pièces anciennes de matériel d’usine dans les sucreries de la région, tels qu’un turbo-alternateur venant de la sucrerie d’Epénancourt (Somme) ou une cuite de la sucrerie de Marle (Aisne). Mais un cap est franchi en avril 2009 avec l’arrivée à la sucrerie d’un gigantesque tronçon de diffusion de type RT2 venant de la sucrerie de Maizy (Aisne), offerte par la société Téréos et découpée – l’ensemble était trop important – et transportée grâce à l’aide de plusieurs subventions. Cette année-là, l’Association compte 356 membres.

2009-2013 : l’ouverture du centre d’interprétation

Le projet de création d’un espace culturel et scientifique de la mémoire sucrière dans l’enceinte de la sucrerie s’accélère à la fin des années 2000. La Région Picardie commence à s’intéresser en détail au projet de l’ASSF et le site acquiert une renommée départementale et régionale. Le président de région de l’époque, Claude Gewerc, propose de doubler le futur centre d’interprétation d’un site abordant les agro-ressources et la chimie verte : c’est le futur pôle Industrie et Agro-Ressources (IAR) dont les vitrines seront incluses dans le parcours du site.

Le 29 octobre 2009, un bail emphytéotique de 30 années est signée entre la SAF, propriétaire de la sucrerie, et l’ASSF. Grâce à un accord entre les collectivités territoriales françaises et à une subvention de l’Union européenne, une première tranche de travaux pour la création du centre d’interprétation est lancée en 2010. L’ASSF, maître d’ouvrage, confie les travaux au cabinet XY Architecture. La halle Thirial, la halle de la diffusion et celle de l’alternateur, toutes situées au centre du site, sont réhabilitées.

La muséographie du centre d’interprétation a été conçue et réalisée par l’ASSF, en collaboration avec le service régional de l’inventaire. L’exposition agro-ressources a été réalisée par la Région et financée par la Région, le Département, la fondation Crédit Agricole Brie-Picardie et Téréos.

En 2012, l’ASSF confie l’animation du site à Planète Sciences Picardie, qui accueille aujourd’hui les visiteurs dans le centre d’interprétation.

Enfin, le 5 décembre 2012, la présidente d’Universcience Claudie Haigneré inaugure le centre d’interprétation de la Sucrerie de Francières et le site ouvre partiellement au public. Cette année-là, le président Michel Varoqueaux cède sa place à Anne Baleix.

2013-2019 : la consolidation

Tandis que Planète Sciences Picardie, puis Hauts-de-France, assure les visites du centre d’interprétation et organise des ateliers d’expérimentation, l’ASSF propose des visites patrimoniales du site, et des espaces rénovés par les bénévoles, l’école et la chapelle.

En 2013, l’ASSF aménage un local lui permettant d’installer ses archives dans l’enceinte de la sucrerie et de les mettre à disposition.

En 2014, l’ASSF rénove la cheminée de la sucrerie grâce au mécénat du Crédit Agricole Île-de-France. Celle-ci fume à nouveau pour la première fois depuis 45 ans.

De 2014 à 2018, une nouvelle rénovation d’ampleur est réalisée avec la réfection du laboratoire sur une muséographie réalisée par Pierre Lerible et Jean-Pierre Bourdier. Le laboratoire bénéficie notamment d’une large collection d’outils de laborantins offerte par l’ancien chimiste Jean Clériot, dont le laboratoire porte aujourd’hui le nom.

L’ASSF participe aux activités culturelles organisées dans La Sucrerie. En 2018 a lieu la première édition des Beffrois du Travail organisée avec l’association Le Non-Lieu, basée à Roubaix.

En 2018, le décès de Michel Varoqueaux et le départ d’Anne Baleix, deux personnalités incontournables de l’ASSF, tournent une page dans l’histoire de l’association. Aujourd’hui présidée par Isabelle Bricout, l’ASSF poursuit le développement du site de Francières, comme en témoigne la réfection du puits de la sucrerie en 2019. Elle continue aujourd’hui d’oeuvrer à la réalisation des buts de ses statuts et de faire de Francières un lieu de référence dans la longue histoire de l’industrie sucrière.