La Sucrerie d'Autrêches

L’installation de cette sucrerie fut marquée par de nombreux contre temps et un conflit avec Monsieur le Comte Marie Alexandre Edouard de Lupel, maire de la localité.

Le 02 novembre 1863, le comte de Lupel proteste contre l’installation de cette sucrerie et parmi plusieurs arguments comme le non respect des significations, il dit que cette sucrerie n’est établie qu’en concurrence des fabriques de sucre de Nampcel et Vic-sur-Aisne, située à cinq kilomètres seulement et qu’elle ne pourra en rien augmenter la production de sucre dans le pays, la plus grande partie des cultivateurs d’Autrêches et des villages voisins, préférant porter leurs betteraves à Vic-sur-Aisne. Par contre, toute la population a l’air favorable au projet et demande par pétition d’accorder une autorisation provisoire au moins. Elle porte cent cinquante signatures.

L’usine avait déjà fonctionné en 1863 car une plainte écrite, adressée au maire de la commune, faisait état d’une « fumée épaisse qui avait couvert les habitations du vallon, rendant l’air nauséabond ». Elle demandait que la cheminée soit « exhaussée » et que les eaux usées ne puissent altérer la pureté et la limpidité du petit ruisseau communal qui serait troublé et altéré si toutes les eux industrielles n’arrivaient pas sur le haut de la plaine ou redescendaient dans le vallon. Un autre dossier concerne un puits absorbant pour évacuer les eaux usées dans la craie située à 86 mètres de profondeur.

L’autorisation définitive ne sera donnée par le conseil d’hygiène que le 20 mars 1868. La première demande datait du huit mai 1863. La lettre du sous préfet de Compiègne au préfet de l’Oise du 21 septembre 1863 qui est la transmission de la demande de MM Honoré et Cie, précise queceux-ci sont fabricants de sucre et distillateurs à Marchiennes (Nord).

Contenu de la demande d'autorisation de cette sucrerie

Frédéric Honoré, fabricant de sucre à Autrêches à M. le préfet du département de l’Oise.

« Me conformant aux instructions contenues en la lettre de Monsieur le sous préfet de Compiègne à M. le maire d’Autrêches en date du quatre courant, j’ai l’honneur de venir solliciter de vous, M. le préfet, l’autorisation de faire fonctionner ma sucrerie d’Autrêches en prenant l’engagement de ne laisser écouler aucune espèce d’eaux industrielles dans le ruisseau du bout de Vaux, lesquelles je refoulerai entièrement sur la plaine supérieure où elles s’absorberont dans les terres labourables auxquelles elles apporteront un excellent engrais. Plus ci-joint le plan de mes machines et le plan des lieux entourant mes usines avec le passage du tuyau de refoulement.

Dans l’espoir que, considérant l’état plus que fâcheux de ma position qui à cause de l’avancement de la saison ne me permet pas de différer plus longtemps la mise en activité de mon usine, à peine de pertes ruineuses pour moi et sensibles pour la culture qui partage mon attente et mon anxiété, vous voudrez bien, Monsieur le préfet, regarder cette affaire comme très urgente.

Autrêches, le 07 octobre 1864. »

Plans

Plan de l’usine de M. Frédéric Honoré à Autrêches et des lieux environnants, suivant le cadastre.
Sept octobre 1864, échelle 1 à 1 250. A.D.O. MP 2407

Autrêches 1865 Honoré Frédéric, sucrerie. Plan accompagnant une demande de construction de four à chaux.
A.D.O.

Le deuxième plan est identique au premier avec les nuances suivantes : comporte l’indication des habitations voisines. Celle de gauche appartenait à l’époque à Gabriel Lefebvre et était située à 155 mètres de la cheminée du four, une petite maison entre les deux (M. Couteau, 125 mètres), une plus à droite de la sucrerie (Maison Hinaut, 150 mètres) et la suivante, 175 mètres. Le four à chaux était projeté à l’arrière de la sucrerie, très près du ruisseau. La route est dite : « chemin du Tillolet à Autrêches » et le chemin perpendiculaire « chemin vicinal d’Autrêches à Audignicourt ».

Le deuxième plan est daté du 25 mars 1865. Plan environnant la sucrerie d’Autrêches, dans la propriété de laquelle il est demandé l’autorisation de construire un four à chaux. La demande fut refusée en la forme, puis acceptée sous condition que la cheminée aurait quinze mètres d’élévation et que les produits de la fabrication seraient consommés dans l’intérieur de l’établissement et non commercialisés.