La Sucrerie de Bornel

1836 – 1837. Deribes, fabrique de sucre de betteraves.
Four pour faire du noir animal.
Deux plans.

Aux archives départementales de l’Oise, on trouve dans la série 5 M – MP 2426

Quelques documents épars qui concerne le noir animal.

Les premiers documents portent aussi sur la fabrique de noir animal. Laquelle semble avoir provoqué de vives réactions d’opposition de la part des habitants en particulier ceux de Fosseuse en la personne de leur maire qui adresse une lettre très intéressante par les arguments développés.

Extrait : « pour qu’une enquête sur une demande d’autorisation d’un établissement vexatoire porte les apparences de la sincérité, il faut que l’autorité supérieure n’ait pas commencé par tolérer d’avance de la part du pétitionnaire la prise de possession de l’objet de sa demande.
Lorsqu’une voye de fait aussi audacieuse n’est pas réprimée, ceux qui en souffrent peuvent se sentir alarmés. Ils peuvent douter, soit de l’existence d’une législation protectrice, soit de la fidèle exécution de celle qui serait destinée à les protéger. Une enquête peut alors leur sembler dérisoire ; ils peuvent se représenter leur sort comme fixé d’avance ; ils peuvent se figurer que contre la formidable coalition de la richesse et de la puissance, toute résistance d’une population délaissée serait vaine et ne pourrait qu’attirer des ressentiments menaçants sur les individus qui hasarderaient de s’y exposer. Le premier devoir de toute administration est de faire connaître aux populations la législation qui les protège ; les esprits timides ont besoin d’être rassurés.
Tous les Français sont égaux devant la loi, tel est le premier axiome constitutionnel que proclame la charte de 1814, et que répéta celle de 1830. Une petite commune ne doit pas subir plus de vexations qu’une grande : un fabricant de sucre de betteraves n’a pas de droits plus étendus à Bornel qu’à Beaumont-sur-Oise ; les habitants de Bornel n’ont aucun motif de se soumettre à une servitude dont ceux de Beaumont sont exempts ».
Le maire de Fosseuse, le Comte F. de Kergorlay le 12 novembre 1836.

« Les déchets des os provenaient des tabletteries qui se fabriquent à Méru, donc propres et ne dégageant aucune odeur désagréable !  » rétorque le demandeur.
L’essentiel du dossier porte sur cette question.

Une chemise datée de 1836. Portant :
1° sucre de betteraves avec chaudière à vapeur.
2° Fabrique de noir animal.
3° Chute d’eau.

La dernière chemise et la plus mince porte la date du six juillet 1836 et deux intitulés : chaudière à vapeur timbrée à cinq atmosphères et sucrerie de betteraves deuxième classe des établissements insalubres.
Un plan sur papier pelure aquarellé qui ne permet pas de situer l’établissement.
Un document parle d’un lieudit « le Moulin du pont Croquet ou moulin Coquet ». L’usine s’étant établi dans cet ancien moulin.

Le pétitionnaire est appelé indifféremment Ribes, De Ribes voire Desribes (il signe De Ribes) propriétaire demeurant à Paris. Sa demande est ainsi formulée :
« Etant dans l’intention d’établir dans la commune de Bornel près Méru, une sucrerie de betteraves, je vous prie de vouloir bien me faire délivrer la permission nécessaire. Je ferai observer que la fabrication se fera à l’aide d’un moteur qui sera mis en mouvement par une roue hydraulique placée sur la rivière de Bornel au lieu dit le moulin Coquet comme le ferait supposer la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire le seize juin courant au sujet de la dite usine, sur la demande collective déjà présentée par moi. Je vous ferai observer que je ne dois créer aucune machine à vapeur pour donner le mouvement à la fabrication seulement deux chaudières à vapeur avec leurs appareils de bouilleurs pour donner la chaleur nécessaire à la cuisson.
Ces chaudières seront timbrées à cinq atmosphères mais cependant, comme il est d’usage dans cette sorte de fabrication, l’usine ne marchera qu’à deux et demi à trois atmosphères. Une cheminée en briques, de la hauteur de cent pieds à partir de la base , recevra la fumée provenant du foyer nécessaire à chauffer les bouilleurs du générateur ». (…)
Paris le 29 juin 1836.