La Distillerie de Remy

Féculerie Bourdon, puis Distillerie Bourdon, puis de Remy, puis Moret et Cie, située au n° 725 de la rue de Noyon.
Ensemble constitué, lors de l’inventaire de 1990, d’un atelier de fabrication, hangar industriel, remise, cheminées d’usine, chaufferie, logement patronal, cour et parties agricoles.

L’ensemble datant du XVIII° siècle et du 3° quart du XIX° siècle.

Vue aérienne du site - années 80 ? Photo X.

L’établissement initial, une féculerie, fut créée en 1853 par Julien Auguste Bourdon dans une ancienne exploitation agricole liée au manoir de la Tasche-Fresnel. Convertie en distillerie en 1856 par Auguste Bourdon, celui ci fait installer un four à chaux puis un atelier de fabrication (1860).

Devenue distillerie de Remy (alcool de betteraves et de grains) l’établissement connaît des agrandissements en 1871, notamment par la construction d’un four à calcination des résidus de mélasse, avec cheminée ; également en 1890. Vers 1920, la société Moret et Cie la reconvertit en usine d’engrais. Cessation d’activité avant 1952.

C.P. début XX° siècle. La distillerie vue de face.
Bâtiments vus depuis la rue de la Mérault - 2003

L’usine était dotée en 1855 d’une machine à vapeur de 25 CV construite par Isidore Farineau à Lille et en 1860 d’une machine à vapeur supplémentaire de 6 CV destinée à battre le grain. Appareil à vapeur (système Kruger). Vers 1863 l’établissement employait 300 personnes en saison.

Description : Atelier de fabrication en brique, en rez-de-chaussée avec sous-sol de réception des matières premières, couvert en tuiles mécaniques. Logement patronal en pierre de taille calcaire de moyen appareil, toiture à croupe en tuile plate, à un étage carré et étage de comble. Dépendances du logement patronal couvert en ardoise en rez-de-chaussée avec étage de comble. Trois cheminées d’usine tronconiques, en brique, à socle carré de 35, 22 et 18 mètres de haut, aujourd’hui détruites.

Source : Base Mérimée. Notice IA60001084 Rédacteurs Dufournier Benoit Fournier Bertrand 1990


Lors du projet de chemin de fer, Amiens-Compiègne, la voie devait suivre en gros le parcours de l’Aronde à partir de Gournay et c’est pour desservir la distillerie de Remy que la voie est descendue vers le sud desservir Estrées puis Remy, le propriétaire ayant fait jouer ses appuis politiques.

Parmi les comptes rendus des délibérations du C.A. de la sucrerie de Francières, on relève en date du 11 05 1896 : la distillerie passe pour être en liquidation. (Mais elle figure encore sur l’annuaire de 1897). Elle cultive 300 hectares et on pourrait être tenté d’y établir une sucrerie (concurrente).

La sucrerie de Francières n’y peut s’y opposer, mais si Froyères (autre concurrente proche) faisait établir un cultivateur à la ferme de Remy avec l’engagement de lui fournir ses betteraves, la SDF ne contrarierait pas cette combinaison.

Le site vu depuis l'autoroute A1. Cliché Joël Hiquebrant. Août 2003.

La séance ouverte, Monsieur le Président a exposé que pendant l’hiver qui s’écoule, Messieurs Bourdon ont adouci – en occupant en moyenne dans leur importante fabrique d’alcool 300 ouvriers jusqu’à la fin de janvier – époque où ils ont fini d’écouler leurs produits. Mais depuis, ces ouvriers demandent en vain au travail la nourriture de chaque jour pour eux et pour leur famille et sont livrés aux maux et aux misères engendrés par la cherté des subsistances et par la pénurie de travail.
Le conseil, justement ému de la misère qui accable les malheureux ouvriers de Remy, considérant que la commune est dépourvue de toute ressource et qu’elle ne peut pas, elle-même, arrêter les pénibles conséquences auxquelles ils sont livrés, appelle l’attention de M. le Préfet sur leurs souffrances et le supplie d’intervenir en donnant la facilité d’ouvrir sans retard des travaux vicinaux de charité au moyen d’une subvention accordée sur le crédit de 25 millions prévu à cet effet ou sur tout autre crédit destiné à adoucir la misère.