Les sucreries dans la culture
Sucreries et langue française
copyright ASSF 2014
Bien avant que le sucre ne soit conditionné en poudre et moulé, il était confectionné avec des moules côniques.
Cette activité a donné lieu à l’apparition d’un langage connu des seuls initiés. En voici quelques expressions significatives.
copyright Jean Clériot & ASSF 2014
Boire à pétaud : Boire un café ou une infusion en laissant dissoudre le sucre dans la bouche, au lieu de le mettre dans la tasse ou le verre.
Comme un apothicaire sans sucre = quelqu’un qui ne dispose pas des outils indispensables pour travailler
Casser du sucre à la rousse = révéler un secret
Casser du sucre sur le dos de quelqu’un = médire de quelqu’un
Être en sucre = être fragile
Être mielleux (se) = être d’une affabilité hypocrite
Être tout sucre = être d’une affabilité hypocrite
Faire le (la) sucré (e) = être d’une affabilité hypocrite
Sucrer = supprimer
Sucrer la moutarde = adoucir un reproche
Sucrer les fraises = être gâteux, trembler sans pouvoir contrôler
Sucrer la pilule = apprendre une nouvelle à quelqu’un
Casser du sucre = casser des cailloux dans un pénitencier.
Du sucre = travail facile, cambrioleurs
Être au sucre = Facile à voler
Sucrage = Punition, condamnation
Sucre de pomme = levier qui sert à entrer par effraction
Le sucre = la craie qu’on utilise au tableau noir (Beaux – Arts)
Manger du sucre = être applaudi en spectacle
Recevoir son morceau de sucre = être applaudi dès l’entrée en scène
Un public en sucre = un public facile
Sucrer = enchérir, miser, tricher( Joueurs)
Un bout de sucre = Dés « pipés »
Un bout de sucre = domino de raccordement (électricité)
Sucrer de trente = punir de trente jours de prison
Sucrer une perm’ = supprimer une permission (Militaires)
« Avec les rêves aussi on peut faire des confitures. Il suffit d’ajouter des fruits et du sucre. »
Stanislaw Jerzy Lec
« Dieu, c’est comme le sucre dans le lait chaud. Il est partout et on ne Le voit pas… Et plus on Le cherche, moins on Le trouve. »
Coluche
« Flatter qui aime à l’être, c’est sucrer le sucre. »
Robert Sabatier
« La vertu accouplée à la beauté, c’est le miel servant de sauce au sucre. »
William Shakespeare
« Mon chien mord de préférence les diabétiques. . . il adore le sucre. »
José Artur
« Un gentleman est un monsieur qui se sert d’une pince à sucre, même quand il est seul. »
Alphonse Allais
« Un ministre inculpé de corruption de fonctionnaire : il avait donné un sucre à un chien policier. »
Coluche
« Belle-mère, fût-elle de sucre, est amère. »
Proverbe espagnol
« C’est sur la partie brûlée de la tarte que l’on met le plus de sucre. »
Proverbe néerlandais
« Conseil à un adolescent : si la jeune fille est rousse, c’est bien connu, elle a l’épiderme sucré. Il convient donc de faire l’amour vers les 4 heures de l’après-midi. Pour le goûter. »
Guy Bedos
« Extrait de « Journal d’un mégalo »
Cookie : Anciennement petit gâteau sucré, qu’on acceptait avec plaisir. Aujourd’hui : petit fichier informatique drôlement salé, qu’il faut refuser avec véhémence. »
Luc Fayard
« Gare à la flatterie, ma fille : trop de sucre gâte les dents. »
Madame de Sévigné
« Il faut avoir la bouche toujours pleine de sucre
pour confire les paroles, car alors les ennemis même y prennent goût. »
Baltasar Gracian Y Morales, écrivain espagnol
« Il faut mettre du sucre partout, arrêtez la sucrette, vive le sucrage universel. »
Alexandre Breffort
« Il n’est rien de si amer qu’une noix verte,
et toutefois à force de sucre on en fait une confiture fort délicate. »
E. de Belley
« Il y a bien des espèces de plantes, mais la canne est à sucre. »
Proverbe malgache
« Trésorier sans argent, apothicaire sans sucre. »
Proverbe français
« A la perruche du sucre, aux pourceaux des glands. »
Proverbe turc
« La douceur est avec les femmes ce que le sucre est aux fruits : elle permet de conserver les bons
et d’utiliser les mauvais. »
Proverbe italien
« La féminité chez l’homme est comme le sucre dans le whisky. La masculinité chez la femme est comme la levure dans le pain. Sans ces ingrédients, le résultat est plat, sans piquant ni saveur. »
Edna Ferber
« La vie est comme le chocolat, c’est l’amer qui fait apprécier le sucre. »
Xavier Brébion
« Le bonheur est un seul bouquet : confus léger fondant sucré. »
Paul Eluard
« Le bonheur, c’est comme le sucre à la crème. Si tu en veux, il faut que tu t’en fasses. »
Anonyme
« Le chameau transporte du sucre, mais mange des épines. »
Proverbe kurde
« Le mal passé en comparaison du présent n’était encore que sucre. »
Corneille
« Le piment gratuit est plus doux que le sucre. »
Proverbe géorgien
« Le rire sucre les larmes. »
Robert Sabatier
« Le sucre ne se borne pas à rendre agréables d’autres aliments qui ne le seraient point sans lui ; il les rend encore plus sains. »
Pierre-Jean-Georges Cabanis
« Le sucre ne sert à rien quand c’est le sel qui manque. »
Proverbe yiddish
« Le sucre, c’est ce qui donne mauvais goût au café quand on n’en met pas dedans. »
Anonyme
« On peut dire qu’il est le condiment universel, et qu’il ne gâte rien. »
Anthelme Brillat-Savarin
« Le temps sur nos cheveux jette du sucre en poudre. »
Tristan Derème
« Le thé à la menthe doit être amer comme la vie, mousseux comme l’amour et sucré comme la mort. »
Proverbe marocain
« Le vice et la vertu sont des produits, comme le vitriol et le sucre. »
Hippolyte Taine
« Les hommes, c’est comme les chiens, il faut alterner le sucre et la baffe ! »
Ariel Zeitoun
« Ma femme adore tout ce qui est raffiné… Le sucre, par exemple. »
Pierre DORIS
« Ne confiez pas de sucre aux fourmis. »
Proverbe vietnamien
« Où il y a du sucre, il y a des fourmis. »
Proverbe malais
« Peu m’importe qu’il y ait du sucre aux Indes, de la porcelaine à la Chine, du café en Arabie ; il faut qu’on me l’apporte. »
Condorcet
« Quand on a oublié d’acheter du sucre, on peut parfaitement sucrer son café avec une betterave, mais c’est plus long. »
François CAVANNA
« Savez-vous ce qu’est une femme ? C’est quarante kilos d’eau, huit kilos de graisse, quatre kilos de chaux, cent vingt-sept grammes de sucre et douze grammes de fer. »
Roland Dorgelès
« Si je veux me préparer un verre d’eau sucrée, j’ai beau faire, je dois attendre que le sucre fonde. »
Henri Bergson
« Si vous ne pouvez donner du sucre, parlez-en. »
Proverbe indien
« Trempé dans du lait pour l’adoucir, recouvert de jaune d’oeuf et de sucre, et cuit dans une poêle. Il n’est pas perdu, le pain perdu, puisqu’on le mange. »
Christian Bobin
« Trop de colle ne colle plus, trop de sucre n’adoucit plus. »
Proverbe chinois
« Trop de sucre à l’enfant gâte les dents de l’homme. »
Proverbe allemand
« Un peu d’albumine, de sucre, d’arythmie cardiaque, n’empêche pas la vie de continuer normale pour celui qui ne s’en aperçoit même pas, alors que seul le médecin y voit la prophétie de catastrophes. »
Marcel Proust
« Une cuiller de sucre aide à avaler le médicament. »
Richard Sherman. Extrait de “Mary Poppins »
Industrie sucrière et 7ème art
Une page culturelle et nostalgique qui nous permet de retrouver un acteur ô combien populaire, dans le sens excellent du terme.
Ces clichés ont été pris lors du tournage du film « Les grandes familles », dont certaines scènes eurent pour cadre la sucrerie de Bucy le Long.
Qui est qui ?
Jean Desailly, Roger Beauchamps, Louis Beauchamps, Jean Gabin & Françoise Christophe
Jean Gabin & Françoise Christophe
Dans ce deuxième film nous retrouvons Jean Gabin mais aux côtés de Danny Carrel pour un autre chef d’oeuvre de Georges Lautner, avec des dialogues admirablement concoctés par Michel Audiard et une musique inoubliable de Serge Gainsbourg.
Ce film a été tourné en 1967 et est sorti sur les écrans en 1968.
Les dernières scènes du film ont été tournée dans une sucrerie désaffectée sensée se trouver à proximité de la ville de Chaumont, sur la RN 77.
En réalité elles ont été tournées dans la sucrerie de Baurain près de Trumilly (60800).
Cette sucrerie se trouve le long de l’ex RN 324 (D1324) à mi-chemin entre Senlis et Crépy-en-Valois.
La toute dernière scène de l’arrestation a été tournée avec la participation de la gendarmerie de Montataire près de Creil.
Humour de sucriers
Notre ami Jean Clériot, chimiste en sucrerie, possède un joli coup de plume et il a illustré de façon humoristique les aleas de la « cuite ».
Copyright Jean Clériot et ASSF 2014
A lire attentivement :
le réglement intérieur dans les bureaux de la sucrerie de Grandfresnoy/Chevrières en 1880.
Fac simile d’un document confié par M. le Maire de Grandfresnoy.
1 – Piété, propreté et ponctualité font la force d’une bonne affaire.
2 – Notre firme ayant considérablement réduit les horaires de travail, les employés de bureau n’auront plus à être présents que de sept heures du matin à six heures du soir et ce, les jours de semaine seulement.
3 – Des prières seront dites chaque matin dans le grand bureau. Les employés de bureau y seront obligatoirement présents.
4 – L’habillement doit être du type le plus sobre. Les employés de bureau ne se laisseront pas aller aux fantaisies des vêtements de couleurs vives; ils ne porteront pas de bas non plus, à moins que ceux-ci ne soient convenablement raccommodés.
5 – Dans les bureaux, on ne portera ni manteau ni pardessus. Toutefois, lorsque le temps sera particulièrement rigoureux, les écharpes, cache-nez et calottes seront autorisés.
6 – Notre firme met un poële à disposition des employés de bureau. Le charbon et le bois devront être enfermés dans le coffre destiné à cet effet. Afin qu’ils puissent se chauffer, il est recommandé à chaque membre du personnel d’apporter, chaque jour, quatre livres de charbon, durant la saison froide.
7 – Aucun employé de bureau ne sera autorisé à quitter la pièce sans la permission de M. le Directeur. Les appels de la nature sont cependant permis et, pour y céder, les membres du personnel pourront utiliser le jardin au dessous de la seconde grille. Bien entendu, cet espace devra être tenu dans un ordre parfait.
8 – Il est strictement interdit de parler durant les heures de bureau.
9 – La soif de tabac, de vin ou d’alcool est une faiblesse humaine et, comme telle, est interdite à tous les membres du personnel.
10 – Maintenant que les heures de bureau ont été énergiquement réduites, la prise de nourriture est encore autorisée entre 11h30 et midi mais, en aucun cas, le travail ne devra cesser durant ce temps.
11 – Les employés de bureau fourniront leurs propres plumes. Un nouveau taille-plume est disponible sur demande de M. le Directeur.
12 – Un sénior, désigné par M. le Directeur, sera responsable du nettoyage et de la propreté de la grande salle ainsi que du bureau directorial. Les juniors et les jeunes se présenteront à M. le Directeur quarante minutes avant les prières et resteront après l’heure de la fermeture pour procéder au nettoyage. Brosses, balais, serpillières et savon seront fournis par la Direction.
13 – Augmentés dernièrement, les nouveaux salaires hebdomadaires seront désormais les suivants :
Cadets (jusqu’à 11 ans) 0,50F
Juniors (jusqu’à 14 ans) 1,45F
Jeunes 3,25F
Employés 7,50F
Séniors ( après 15 ans de maison) 14,5F
Les propriétaires reconnaissent et acceptent la générosité des nouvelles lois du travail, mais attendent du personnel un accroissement considérable du rendement, en compensation de ces conditions presque utopiques.
On croirait rêver!!!!!
Un autre document précieux, issus du réglement de la Raffinerie de Passy le 15 ventose An 12
Le 5 novembre dernier , notre ami Christian DELESQUES, de la Sucrerie d’Etrépagny (Eure) nous a écrit :
« A la suite de l’exposition, à la sucrerie, une personne avait des documents chez lui. Et surtout cet Hymne !!!!! »
Hôtel de la justice de Paix
Chevaux à volonté
Stanislas Lieubray
a Ecouis (Eure)
HYMNE A LA BETTERAVE
Vous voilà réunis à la maison Lieubray, Messieurs Bultel,
Julien, Carrière et Potiquet, Hôtel de Paix, au milieu de vos
riches « Pampas ». Messieurs Gilles, Durand, Hurbin, et
Stanislas.
//
Vous fêtez de grand cœur la fille de vos plaines,
Betterave chérie, qui coûte tant de peine,
Mais qui pousse « à gogo » souriant au labeur,
Et de ce beau Vexin est la plus fine fleur.
//
La saison des labours est déjà dépassée,
Et celle des semailles aussi oubliée,
Le Ratissage même n’est plus qu’un souvenir,
Et contemplant vos plans vous lisez l’avenir.
//
Mais à l’Automne enfin la vendange commence,
Et tous vos lourds chariots défilent en cadence,
Escortes de bouviers brandissant l’aiguillons,
Regardant d’un air doux, dans le ciel si profond,
//
Marchant en fredonnant une chanson rustique,
Dont la douceur ressemble à celle d’un cantique,
Homme vaillant et rude qui boit à satiété
Le cidre de vos crûs qui donne la santé.
//
Ce mouvement émeut la vieille Sucrerie,
Tous ses meilleurs soutiens arrivent en Râperie,
Organisant en cœur déchet et densité,
Pour que chacun obtienne ce qu’il a mérité.
//
Et la fine cossette bientôt se diffusant,
Laisse entre ses membranes couler abondamment,
Un liquide sucré qui, de trois lieus banni,
Fait en un flot d’écumes mugir Etrépagny.
//
Cependant, vos chariots de pulpe amoncelée,
Se dirigent gaiement vers la plaine ondulée,
Pour former le silo de si belle façon,
Et nourrir grassement le bœuf et le mouton.
//
Chantez agriculteurs la gloire de la plaine,
Chantons la betterave à tous en perdre haleine,
Et devant ce festin à nul autre pareil,
Honneur à la culture ! Vive l’Industriel.
Amis de la betterave vers 1900,
offert par Monsieur LAVEUR marchand de vin à Charenton, aux agriculteurs de la région d’Ecouis.
C’est moi, Louis Lieubray, qui au dessert récite l’ode a la betterave et composé par Mr Thalamus chef de Poste,
assesseurs Jouveau et Lebache, la régie.
Le sous directeur était à cette époque Mr HURBIN
Chimistes Moursin et Pingeot
Signé Lieubray Louis
On dégustera goûlument cette prose ! (NDLR)
La sucrerie de Francières en picard
