Les Sucreries et la Distillerie de Guiscard
Fabrique de sucre fondée par Martine et Lecus dans l’orangerie du château. Ils étaient les gendres de Louis Charles Hubert, maître de poste et maire de Guiscard. Dates : 1845 / 1908 ensuite râperie.
Une autre vit le jour au hameau de Buchoire en 1871(Vilin et Cie, directeur gérant Dequesne) dont l’historique a été retracé par M. Michel Sterlin dans son ouvrage « Ô Homme, où sont tes racines ».
La distillerie Malin fut créée en 1912.
Toutes ces informations nous ont été aimablement communiquées par Monsieur André PETIT de l’association « Guiscard, mémoire d’un siècle à l’autre », siège social : Mairie de Guiscard. Avec nos plus vifs remerciements et toute notre reconnaissance.
La Sucrerie Lecus-Martine
Plan daté du 02 octobre 1876.
ADO. Cliché Joël Hiquebrant
Plan signé Félix MIDY 1847.
ADO. Ciché Joël Hiquebrant.
Historique
François Lecus et Alphonse Martine, tous deux gendres de Louis Hubert construisirent la première sucrerie de Guiscard. Ces deux personnes constituèrent entre eux une société aux termes d’un acte sous signatures privées le trente mai 1845. Par acte notarié fait chez Me Leroy, notaire à Guiscard, du vingt trois juillet 1845, Louis Hubert leur vendit l’ancienne orangerie du château de Guiscard ainsi qu’une parcelle de deux hectares cinquante.
La dissolution de la société et du règlement amiable qui suivit, fut écrit aux termes d’un contrat reçu par Me Dhaussy, notaire à Guiscard le vingt huit juillet 1853. A partir de cette date, M. François Lecus fut l’unique propriétaire de la sucrerie. Ce dernier décéda peu de temps après, le seize septembre 1856 à l’âge de quarante et un an. M. Martine lui, mourut à Paris le vingt et un mai 1855 à l’âge de 46 ans.
Edmond, fils de François Lecus, maire de Guiscard de 1890 à 1899, prit la succession paternelle. Il se maria avec Victorine Maréchal le cinq septembre 1861. Il racheta les parts de sa soeur Désirée. Toutes ses affaires familiales réglées, il créa une société en commandite simple et par actions, connue sous la raison sociale E. Lecus et Cie au capital de deux cent quarante mille francs. L’acte fut fait le dix-huit octobre 1868 chez Me Gellé, notaire à Guiscard. Le nombre d’actionnaires était de vingt-six.
Dans un contexte économique devenu difficile auquel la société Lecus et Cie n’échappa pas, la majorité des actionnaires réunis en assemblée générale le sept mai 1908 décida la liquidation de la société ainsi que la vente des immeubles.
Dans les dernières années de son existence, la sucrerie fut transformée en râperie. Par l’intermédiaire d’une pipe-line souterrain, les jus étaient ainsi transportés vers la sucrerie de la société Letombe et Cie située à Eppeville.
La société E. Lecus et Cie fut dissoute le quinze février 1909. Les immeubles appartenant à la société furent mis en vente une première fois le cinq octobre 1911. La mise à prix était de soixante douze mille francs. L’adjudication eut lieu chez Me Lemarié. Ce dernier invita les amateurs possibles à porter des enchères sur la mis à prix et alluma successivement trois feux durant desquels aucune enchère ne fut mise. En conséquence, l’immeuble resta invendu.
Après une réunion de l’assemblée générale des actionnaires du trente octobre 1911, il fut décidé que l’immeuble serait remis en adjudication mais sur la mise à prix cette fois de trente six mille francs. La vente fut fixée au vingt trois novembre 1911. Dès la première bougie allumée, une enchère fut portée par Monsieur Lucien Haguet, docteur en droit, demeurant à Guiscard. Ce fut le seul amateur. Celui-ci se déclara acquéreur tant pour son compte personnel que pour le compte de son frère Jean Haguet, demeurant également à Guiscard.
Lucien et Jean Haguet installèrent une distillerie dans les anciens locaux de la sucrerie. La première campagne débuta en 1912. Détruite en 1917 par les Allemands, elle ne fut pas reconstruite. Ensuite, Lucien Haguet y exerça le métier d’agriculteur. Un de ses fils prénommé Michel lui succéda. La ferme fut vendue à Monsieur Pinel en juillet 1961, lequel prit sa retraite en 1989 et se retira à Lassigny. Les terres de l’exploitation furent cédées à Monsieur Dumont, agriculteur à la ferme de Boutavent et entrepreneur de travaux agricoles à Ham. Quant aux bâtiments, ils restèrent vides et sans utilisateurs.
Photographies
Ci-dessous, quelques-uns des clichés réalisés (vers l’an 2000 ?) montrant ce qu’il restait des lieux de fabrication et de leurs environs immédiats.
Clichés Joël Hiquebrant pour l’ASSF.
La Sucrerie de Buchoire
La sucrerie a vu le jour en 1871. Elle fut construite sur un terrain de deux hectares. Ce dernier se trouvait le long de la « Verse » entre la route de Buchoire à Beaugies et la départementale de Nesle à Chauny. La nouvelle sucrerie se situait ainsi aux carrefours des routes venant de Quesmy, Berlancourt et Guivry, constituant ainsi sa zone de production. Les écarts comme Boutavent, le bois Bonnard et l’Etang de Boeuf venant renforcer celle-ci. Des témoins ont vécu la période de liquidation des ruines. Ils ont ainsi pu dessiner un schéma et une description assez précise du site.
De la route départementale de Nesle à Chauny, on accédait à l’installation industrielle par un pont qui permettait de franchir la Verse. Dans l’alignement de celui-ci se trouvait tout de suite la bascule. A droite de celle-ci, étaient implantés les bureaux administratifs ainsi que le bureau du directeur. Ensuite, un peu plus sur la gauche, se trouvait l’emplacement de l’usine proprement dite : un bâtiment rectangulaire éclairé par de grandes fenêtres.
Par mesure de sécurité, la cheminée, d’une vingtaine de mètres de hauteur s’élevait un peu à l’écart du bâtiment principal. Les bassins de décantation n’étant pas très loin de celui-ci. Pour clore cette description, un vaste bâtiment fut construit le long de la route de Beaugies à Buchoire pour abriter les écuries et des remises diverses, nécessaires au bon fonctionnement de la sucrerie.
L’activité industrielle cessa avec la première guerre mondiale. L’abattage de la cheminée et la fermeture des bassins de décantation eurent lieu en 1950. En 1997, ce lieu-dit appartenait à la Générale Sucrière. Lors de chaque campagne, il servit d’aire de stockage pour la production betteravière des différents agriculteurs de Buchoire.
La première forme juridique fut constituée sous seing privé à Buchoire le 18 août 1871, enregistré et déposé au rang des minutes de Me Gellé, notaire à Guiscard. C’est à cette date que fut fondée la société commerciale en collectif sous la raison et la signature sociales : A. Vilin et Cie. Les associés étaient les suivants :
1° M. A. Vilin, cultivateur à Buchoire. 2° M. Delarue, cultivateur à Beaugies. 3° M. Poulin père, propriétaire à Noyon. 4° M. Ducharron, propriétaire au dit lieu. 5° M. Poulin Quenescourt, propriétaire à Ercheu. 6° M. Auguste Poulin, fabricant de sucre à Montescourt-Lizerolles.
Le 11 juillet 1872 : modification des statuts de la société et cessions de parts d’intérêts. Les nouveaux propriétaires de l’actif social de la sucrerie de Buchoire étaient alors :
1° M. Vilin, cultivateur à Buchoire. 2° M. Delarue, cultivateur à Beaugies. 3° M. Truffart, cultivateur à l’Etang de Boeuf. 4° M. Wallet, cultivateur à Quesmy. 5° M. Leroy, agriculteur à Muirancourt.
La raison et la signature sociales furent dorénavant Delarue et Cie. L’établissement prit la dénomination de : Sucrerie Agricole de Buchoire. Le siège de la société resta fixé dans l’usine de Buchoire. A partir du 20 juin 1873, Monsieur Paul Wallet fut le directeur gérant de cette société et ce jusqu’au 31 mai 1882. C’est M. Albéric Marchandise, contremaître de la fabrique, demeurant à Ham, qui le remplaça. Monsieur Louis Théodore Delarue étant décédé le deux janvier 1884, le neuf avril de la même année, ses parts furent vendues et adjugées indivisément à M. Albert Wallet demeurant à Quesmy, Madame Désirée-Henriette Arminthe Goudain, propriétaire demeurant au même lieu, veuve de Jean Baptiste Rouvillain. M. Théodore Leroy, cultivateur à Muirancourt et M. Constant Leroy, docteur en médecine demeurant à Noyon.
Cette nouvelle forme juridique fut éphèmère, car cette fabrique de sucre fut vendue par adjudication volontaire le lundi douze mai 1884 chez Me Gellé, notaire à Guiscard. N’ayant pas trouvé d’acquéreur ce jour là, une seconde vente fut organisée le lundi onze août 1884 et la société Bernot et fils en fit l’acquisition. Dès lors, la sucrerie fut transformée en râperie. Les jus furent acheminés par un pipe line souterrain, passant par Berlancourt, rejoignant celui de l’usine de Villeselve déjà rattaché à l’usine de Ham. Les destructions de la guerre de 14/18 mirent une fin définitive à son existence.
Dans la rubrique « faits divers » de la sucrerie de Buchoire, il y eut un accident grave le 24 décembre 1881. M. Edmond Ancelin, âgé de quarante-cinq ans, cultivateur à Buchoire en fut la victime en conduisant un tombereau chargé de pulpes. Au moment où il sortait de la cour de la fabrique, M. Ancelin voulut retenir son cheval de limon un peu fougueux. Malheureusement, ayant glissé, il tomba sur le dos et la roue du véhicule lui passa sur le côté droit du corps, lui écrasant les côtes et endommageant fortement le bras. M. Robert, comptable de la fabrique, s’empressa de le faire transporter à son domicile mais malgré le secours de trois médecins, il succomba à ses blessures le lendemain.
Une vue du hameau de Buchoire en 2010.
Cliché Joël Hiquebrant pour l’ASSF.
La Distillerie "Malin"
Monsieur Alphonse Malin qui possédait une ferme située au centre du village (emplacement de l’ancienne maison de retraite « La Jouvence ») créa avec quelques agriculteurs du canton la S.A. Alphonse Malin au capital de 135 000 francs. Ces agriculteurs soucieux de travailler leurs betteraves en commun pour en tirer un bénéfice intégral, s’engagèrent à fournir un minimum de betteraves pendant la durée de la société. La première brique fut posée en avril 1912 et, le deux octobre de la même année, l’usine allumait ses feux. Le broyage du début fut de quarante tonnes de betteraves par vingt-quatre heures. La fabrication dura jusqu’en mars 1913.
En effet, les fournitures furent plus importantes que prévu. L’assemblée générale décida d’augmenter le travail et de porter la puissance de l’usine à quatre-vingt tonnes pour la campagne 1913.
Cette fabrication terminée, un programme plus important encore fut établi et en 1914 l’usine aurait été capable de broyer plus de cent tonnes de betteraves, mais la guerre survint, puis l’invasion.
En 1917, la direction tenta de remonter la distillerie, qui était peu abîmée mais la deuxième invasion de mars 1918 vint à nouveau renverser tous les projets et cette fois la destruction fut plus radicale. Après la guerre, l’usine fut reconstruite, fabriquant cent à cent quarante hectolitres d’alcool à quatre-vingt quinze degrés par vingt-quatre heures. Elle occupait vingt personnes pendant la campagne. La distillerie cessa ses activités en 1932. Puis vint quarante et ses destructions.
Une particularité intéressante de la société était le mode de répartition des bénéfices nets : moitié aux fournisseurs de betteraves actionnaires, moitié aux actionnaires. Les fournisseurs non actionnaires avaient droit à la moitié des bénéfices que touchaient les fournisseurs actionnaires. Après la disparition de la distillerie, la famille Malin transforma les locaux restants en ferme. Quelques vestiges subsistent de l’épopée industrielle. Les hangars de la distillerie furent achetés par Monsieur Cottard de Villeselve. Le démontage fut assuré par Monsieur Sénéchal, artisan couvreur à Guiscard.