Les Sucreries de Roye
La sucrerie Labruyère
Cette sucrerie, appelée aussi « Sucrerie de Saint-Gilles » d’après la rue et le quartier du même nom, se trouvait sur l’actuelle Route de Paris, à l’entrée sud de Roye.
Elle fut créée par Ulysse Lefèvre qui installa son entreprise dans les bâtiments d’un fabricant de chandelles et marchand de grains (Paul-Alfred Dautrevaux) situés sur la route de Paris. Nous ne connaissons pas la date précise de la création de la sucrerie mais se situe entre 1843 et 1856, cette dernière étant la plus souvent avancée.
Une source écrite datant de 1862 donne encore pour raison sociale « Lefèvre », mais une autre source avance qu’un changement de propriétaire s’opéra dès 1859 au profit de MM. Perret et Ducrocq. Les annuaires sucriers commencent à paraître en 1869. A cette date, figure l’appellation « Perret (Alf.) » qui sera bientôt suivie par « Perret (Alf.) et Cie » à laquelle M. Ducrocq semble avoir été associé. La situation ne change plus jusqu’à la campagne 1883/1884. A partir de 1884, c’est la société « Labruyère (Jules) et Cie » qui reprend l’affaire. Le terme sera bientôt suivi de la précision « fabrique de Saint-Gilles » du nom du quartier de la ville où se trouve l’établissement. On note en 1889 une association avec M. Masson (« Labruyère-Masson Henri-Louis »), avant de revenir au statut initial à partir de 1900
La première guerre mondiale sera fatale à l’exploitation, les Allemands ayant incendié les bâtiments dont les ruines furent régulièrement bombardées durant toute la durée du conflit. Une partie des locaux fut restaurée et a constitué depuis lors la ferme Dupuis-Larivière, puis la ferme de M. Gilles Dupuy, connu comme président de la SICA « Roye-Déshydratation ». Bien que les annuaires sucriers annoncent sa reconstruction et son redémarrage en 1921, il n’en sera rien.
Les dommages de guerre des trois sucreries fonctionnant sur le territoire de Roye avant 1914, seront mis en commun et investis dans la construction d’une nouvelle sucrerie. Laquelle fut implantée à la place de celle créée ou acquise par le chocolatier Menier puis exploitée par Lebaudy.
Les ruines de la sucrerie après la première guerre mondiale
Le site actuel (clichés Joël Hiquebrant, 2022)
La sucrerie Lebaudy
Cette sucrerie, située Avenue du Général de Gaulle à l’entrée nord de Roye, est toujours en activité aujourd’hui.
Si cette sucrerie fut également détruite durant la première guerre mondiale, comme ses concurrentes locales, c’est la seule qui fut reconstruite grâce aux dommages de guerre rassemblés. Elle semble avoir été créée en 1828/1829 et dirigée par le sieur Hector Ledru, élève et disciple de M. Crespel-Delisse, le véritable créateur de l’industrie sucrière en France.
Située au lieu-dit « Vieux chemin de Péronne, elle fonctionnait en 1831 sous la direction de M. Larréguy. En 1838 elle est la propriété de M. Crespel-Delisse (depuis l’origine ?) avant de la céder en 1865. La nouvelle raison sociale sera ensuite : « Privoté Oscar et Cie » avant que M. Emile-Justin Menier, le célèbre chocolatier parisien ne la rachète en 1869. Ce dernier la cède ensuite aux frères « Lebaudy » négociants connus pour leur raffinerie parisienne.
Après le premier conflit mondial et sur l’emplacement de cette antique sucrerie, entièrement ravagée par les combats, fut construit un établissement entièrement nouveau et équipé avec les appareils d’une sucrerie hollandaise. A partir de 1932, une distillerie vint compléter les installations déjà présentes. Nouvelle raison sociale en 1948 « Nouvelle Société de Raffinerie Lebaudy-Sommier ». En 1973, la « Générale Sucrière » prend le contrôle de l’entreprise. Les différentes campagnes de travaux qui vont suivre afin d’améliorer l’efficacité et le rendement de l’usine vont faire d’elle l’établissement de pointe que nous connaissons actuellement alors que tant d’autres ont disparu à cause de la concentration des moyens de production.
La sucrerie Mandron
Cette sucrerie était également située Avenue Général de Gaulle, mais à l’intérieur de Roye.
Si l’histoire de cette sucrerie, située en centre ville, est moins mouvementée que les précédentes, elle ne s’en termine pas moins de la même manière. Créée en 1854 par M. Henri Bertin, fils du maître de la poste aux chevaux de Roye, elle n’était alors constituée que d’une simple grange dépendant d’une exploitation agricole et qui ne traitait que sept à huit millions de kilogrammes de betteraves avec de bien faibles rendements.
Il ne s’agissait donc que d’une simple ferme-sucrerie employant une quarantaine d’ouvriers, laquelle ne prit de l’ampleur qu’ultérieurement. En 1874, sa raison sociale était « Pluchet, Frissart et Cie » et en 1882 « Pluchet, Frissart, Mandron et Cie » puis en 1904 « Société Mandron Ernest et Cie ».
L’activité cesse à l’orée de la première guerre mondiale et ne reprendra pas, M. Mandron vendant ses droits aux dommages de guerre à la Société Lebaudy. Seule l’exploitation agricole s’est maintenue.